Actos
La prise en charge des troubles bipolaires chez la femme est un enjeu majeur pour la prévention des récidives mais aussi pour le traitement de ces troubles. Les dernières recommandations publiées par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation et des Modes de Consommation (ANSES) et le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) s’attachent à améliorer la qualité de vie des femmes en proposant des mesures de prévention et des alternatives thérapeutiques adaptées au profil de chaque patiente.
Durant le 2e semestre 2021, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation et des Modes de Consommation (ANSES) et le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) ont publié des recommandations sur les troubles bipolaires chez la femme.
Toutes les patientes qui présentent un trouble bipolaire doivent bénéficier d’une prise en charge adaptée, de la manière la plus précoce possible, pour limiter les répercussions sur leur qualité de vie. Cette prise en charge doit être pluridisciplinaire pour intégrer un travail en réseau et s’articuler autour de différents axes : les soins primaires, les traitements médicamenteux et les thérapies complémentaires.
Comment évaluer le risque de récidive ?
Le risque de récidive doit être évalué selon plusieurs critères : le retentissement sur la vie personnelle, les symptômes invalidants, la vie sexuelle, la qualité de la vie quotidienne, la présence d’antécédents familiaux de troubles bipolaires, les traitements en cours, la consommation de substances psychoactives, les antécédents de suicide et les facteurs de risque. Les principales recommandations s’adressent à l’ensemble de la population bipolaire et plus particulièrement aux patientes sous traitement (traitements par antipsychotiques et antidépresseurs).
Elles préconisent notamment de suivre un plan de soins comprenant un traitement par antipsychotiques et un traitement par antidépresseurs, avec une évaluation régulière et un accompagnement par un psychiatre ou un psychologue pour maintenir un bon traitement et adapter celui-ci si nécessaire. Les patientes doivent bénéficier de conseils de prévention et d’une éducation pour le suivi de leur traitement.
Elles insistent également sur le fait que le risque de récidive dépend des facteurs de risque individuels.
Quels sont les facteurs de risque ?
Les facteurs de risque bipolaires principaux sont le risque familial, la prise d’alcool, la consommation de drogues, les troubles du sommeil, la consommation excessive de substances psychoactives, les troubles du comportement et les problèmes familiaux.
Les facteurs de risque psychiatriques sont : le trouble bipolaire, la schizophrénie, la dépression, le trouble anxieux, le suicide ou encore la toxicomanie.
Quel est le risque de récidive chez les patientes qui présentent des troubles bipolaires ?
Le risque de récidive est plus important chez les patientes atteintes de trouble bipolaire de type I que chez celles qui présentent un trouble bipolaire de type II.
En outre, les patientes atteintes de troubles bipolaires sont plus à risque de récidive que les femmes non bipolaires : 15 % de récidives contre 6 % pour les femmes non bipolaires.
Cette étude menée auprès de 24 000 patientes de la cohorte Bipolaire France confirme le risque de récidive chez les femmes atteintes de troubles bipolaires et la nécessité de prendre en charge ces patientes.
Quelles sont les pistes de soins pour éviter la récidive ?
Pour diminuer le risque de récidive chez les femmes atteintes de trouble bipolaire, les soins doivent prendre en compte les facteurs de risque bipolaires, les symptômes et le traitement de la maladie mais aussi le suivi des traitements ainsi que la prévention des récidives.
Les traitements médicamenteux doivent être prescrits en respectant strictement les posologies prescrites et il faut favoriser une diminution de la dose de lithium ou de valproate en cas de troubles du sommeil. Il faut également s’assurer de la bonne observance du traitement et des traitements associés pour limiter le risque de récidive.
L’association à un traitement psychothérapeutique est préconisée en complément des traitements médicamenteux.
L’éducation thérapeutique est nécessaire pour favoriser le suivi des traitements et le traitement des problèmes de santé en lien avec la maladie et améliorer le pronostic de la maladie.
Le suivi de la patiente doit être régulier. Une prise en charge psychothérapeutique de la maladie est proposée si le traitement médicamenteux est inefficace ou insuffisant pour répondre aux symptômes.
Enfin, les patientes doivent bénéficier d’une bonne communication sur les risques, les effets indésirables et les interactions médicamenteuses pour limiter le risque de récidive.
Le plan de soins doit être suivi dans le temps par le médecin traitant, le psychiatre ou le psychologue. Il peut également être assuré par le psychothérapeute ou le psychiatre qui suit la patiente dans le cadre de leur consultation de psychiatrie ou de pédopsychiatrie.
La prise en charge doit être pluridisciplinaire. Les soins primaires sont à privilégier pour limiter les effets indésirables et le risque de récidive.
Cette étude, réalisée en double aveugle par questionnaire auto-administré, vise à évaluer la récidive des troubles bipolaires selon le profil de chaque patiente.
Quels sont les traitements ?
Les traitements de la maladie doivent être adaptés en fonction des besoins de chaque patiente.
Le traitement médicamenteux repose sur des antipsychotiques atypiques ou typiques et des antidépresseurs tricycliques. Ils peuvent être associés à d’autres psychotropes (barbituriques, dérivés de l’ergot de seigle, dérivés nitrés, méthylphénidate) ou à des traitements de la dépression. Le lithium est le médicament de première intention dans le traitement des épisodes maniaques sévères et de l’humeur instable des troubles bipolaires.
Dans les formes modérées, le lithium est le traitement de première intention. Le traitement est associé à la lamotrigine, un anticonvulsivant ou un antiépileptique, afin de réduire les épisodes maniaques et les idées délirantes sévères. Le lithium est parfois associé à un antidépresseur de la classe des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa).
Le lithium peut être associé à la carbamazépine dans le traitement de l’humeur instable des troubles bipolaires.
Le lithium peut être utilisé en monothérapie dans le traitement des épisodes maniaques et des troubles dépressifs associés à la bipolarité chez l’adulte uniquement. Le lithium est le traitement de première intention. Si ce traitement est insuffisant, le médecin peut prescrire un autre antipsychotique atypique.
Dans le traitement de l’humeur instable des troubles bipolaires, le traitement peut être associé à des antidépresseurs tricycliques, des antiépileptiques, des anticonvulsivants et du lithium. Les antipsychotiques atypiques sont privilégiés dans les épisodes maniaques sévères et les épisodes dépressifs majeurs associés à la bipolarité car ils sont mieux tolérés.
En association à un traitement psychothérapeutique, les antidépresseurs tricycliques peuvent être utilisés en première intention.
Le traitement est associé à des antidépresseurs tricycliques et à un antipsychotique atypique de préférence en monothérapie. Le lithium peut être utilisé en monothérapie dans le traitement de l’humeur instable des troubles bipolaires.
La lamotrigine est utilisée en association avec des antidépresseurs tricycliques et un IRSNa.
Le lithium peut être associé à la carbamazépine ou à la phénytoïne dans le traitement des épisodes maniaques sévères et des épisodes dépressifs associés à la bipolarité en monothérapie.
Quels sont les effets indésirables ?
Les effets indésirables des traitements sont nombreux et nécessitent une surveillance clinique et biologique régulière.
Les effets indésirables des antipsychotiques atypiques sont principalement des effets indésirables extrapyramidaux, une prise de poids, des hallucinations et des modifications du comportement. Les effets indésirables des antidépresseurs sont la dépression, des troubles de l’humeur, des idées délirantes, des troubles du sommeil, des céphalées, de la fatigue, de la somnolence et des troubles digestifs.
Les effets indésirables des antiépileptiques sont principalement des nausées, des céphalées, des somnolences, des vomissements, une prise de poids et une fatigue.